Page:Lefèvre-Deumier - Le Clocher de Saint-Marc, 1825.djvu/232

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Sa voix sans m’enhardir, ni m’ôter mon espoir,
Semblait pour l’affermir douter de son pouvoir.
Cette chaîne était douce, elle a brisé ma chaîne ;
Mais l’amour, en fuyant, n’a pas laissé la haine.
La voir, ne pas la voir, l’entendre ou lui parler,
Tout m’est indifférent, rien ne peut me troubler.
Sa grâce, son esprit, sa coquette faiblesse,
De son regard voilé la discrète caresse,
Son sourire, aujourd’hui, glisseraient sur mon cœur,
Sans pouvoir ranimer son obscure langueur.
Je ne m’occupe plus de son sort, de sa vie ;
Elle peut, dans l’espoir d’exciter mon envie,
A quelqu’heureux flatteur s’attacher chaque jour,
Et comme une parure, adoptant son amour,
S’embellir du chagrin qu’elle me croit peut-être :
Je ne suis pas jaloux, ou j’ai cessé de l’être.
C’est bien pis que haïr : ce tourment passager
Ne dure qu’un moment, le temps de se venger ;
Mais se délivre-t-on de cette négligence,
Qui nous fait dédaigner jusques à la vengeance ?