Page:Lefèvre-Deumier - Le Clocher de Saint-Marc, 1825.djvu/56

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

C’est la première fois peut-être qu’il s’endort :
Ne le réveillez pas, et laissez lui sa mort.
On dirait que le ciel avare, du génie,
En fait encor pour nous un foyer d’insomnie.
Victime dévouée à toutes les douleurs,
Le cœur toujours gonflé de remords et de pleurs,
Le malheureux, qu’écrase un fardeau trop sublime.
Subit dans sa vertu les tortures du crime.
Ne faut-il pas qu’il cherche à se fuir un moment,
Puisque lui-même enfin est son propre tourment !
Qui pourrait exprimer ce supplice indicible
D’avoir une pensée, à sonder impossible,
Qui bouillonne et frémit dans ses étroits canaux,
Comme un serpent de feu s’y croise en longs anneaux,
Semble, pour remonter à sa source première,
Du crâne soulevé repousser la barrière,
Mais qui tremblante alors, incapable des cieux,
Replie en s’affaissant ses nœuds capricieux,
Et, lasse d’un effort, revient en souveraine,
Ronger tranquillement le cerveau qui l’enchaîne.