Page:Lefèvre-Deumier - Le Clocher de Saint-Marc, 1825.djvu/64

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Debout sur l’esclavage à mes pieds prosterné,
C’était un beau spectacle à mes regards donné,
Que celui d’un grand peuple, oublié de la gloire,
Au cri de liberté rentrant dans son histoire,
Et dans leurs grands cercueils ramenant consolés
Cinq siècles de héros par la honte exilés.
N’était-ce pas pourtant un odieux, supplice,
De ne pouvoir soi-même, introduit dans la lice,
A ce généreux drame applaudir tout armé,
Et parmi ceux qu’on nomme être une fois nommé ?
D’un cachot sur son front sentir peser la voûte,
Exister immobile, est un tourment sans doute :
Mais quel surcroît d’ennuis et de captivité,
Si de l’air qu’il respire épurant l’âcreté,
A. travers l’embrasure, où passe un jour avare,
Le prisonnier, cloué sur sa couche barbare,
Sent venir jusqu’à lui l’encens religieux
Qu’un souffle de la terre emporte vers les cieux !
Il voudrait s’élancer vers ces vapeurs lointaines,
Et ne connaît qu’alors tout le poids de ses chaînes.