Enfin la nuit se passe… Il écoute… on l’appelle…
C’est un être souffrant qui finit de souffrir.
Son cœur plein d’Éliza croit sentir que c’est elle ;
Il ne la voyait pas… Il l’entendait mourir.
Haletant il arrive : « Ah ! te voilà, mon père,
« Lui dit son jeune fils en lui tendant la main ;
« Nous t’attendions hier, pourquoi viens-tu demain ?
« Nous nous sommes perdus, le soir, pendant la guerre.
« Ma mère s’est assise, et m’a dit : Mon enfant,
« Je ne puis plus marcher ; te voilà déjà grand,
« Prends bien soin de ta sœur, tandis que je sommeille.
« Mais elle dort toujours sans que rien la réveille. »
Hélas, elle dormait ! Dessous son vêtement
Elle abritait sa fille expirante près d’elle ;
Et sa fille collée à sa froide mamelle,
Cherchait sous la blessure un reste d’aliment.
« Éveille donc ma mère ! » — « Oui, mon fils, tout à l’heure… »
Et courbé sur son corps, le guerrier tombe et pleure.
Il se relève enfin, tout pâle, et l’œil hagard,
Fixant sur le cadavre un stupide regard.
Page:Lefèvre-Deumier - Le Parricide, 1823.djvu/106
Apparence
Cette page n’a pas encore été corrigée