Page:Lefèvre-Deumier - Le Parricide, 1823.djvu/212

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Heureux qui peut ainsi, sans traverser nos peines,
Avoir de l’Océan les rives si prochaines ;
Et d’un cours si rapide au terme parvenu,
S’endormir innocent à soi-même inconnu.
Cependant l’on s’afflige en voyant disparaître
Un être bien aimé, qui nous attend peut-être.
Angéline n’est plus. Ses parens désormais
Vieilliront dans l’ennui qu’amènent les regrets ;
Sur le bord du tombeau qu’entr’ouvre la vieillesse,
Ils n’auront plus d’enfans dont la jeune tendresse
Pour en cacher l’entrée y jette quelques fleurs.
Ils pleurent, et voudraient qu’on partageât leurs pleurs.
Aussi, par eux fondée, une fête pieuse
Prolonge encor les jours, dont la mort envieuse
Leur enleva trop tôt le céleste secours.
Au penchant des coteaux où transfuge des cours,
Des sources de Lutèce on voit l’humide reine,
De ses flottans replis environner Surène :
D’Angéline expirée on sait le souvenir,
Et peut-être son nom vivra dans l’avenir.