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Et se jette à genoux : « Edgar ! éveille-toi,
« Je veux te dire adieu, ne t’en vas pas sans moi ;
« Edgar ! à mes sanglots ne ferme plus l’oreille,
« C’est moi qui pleure, Edgar ! » et le guerrier s’éveille.
« — Tu m’aimes donc toujours ! dis-le moi bien long-temps ;
« Remplis de ce seul mot tous mes derniers instans…
« Non…non…je ne veux pas ; il est un dieu sans doute…
« Un monde plus heureux… dont j’ignore la route…
« Où je n’irai jamais… où je ne puis aller ;
« Du bonheur, Julia, je pourrais t’exiler ;
« Je ne veux pas te perdre. » — « Edgar, tu m’abandonnes !
« — Quitte moi pour le Ciel. » — « C’est toi qui me le donnes. »
« — Je suis un criminel. » — « Je suis coupable aussi,
« Et puisque je t’y vois, tout le Ciel est ici ;
« Tout le Ciel est aux lieux où je pleure ton crime. »
Il étendit les bras vers sa jeune victime,
Et sentant dans sa main une autre main trembler,
Et des larmes d’amour entre ses doigts couler :
« Julia, tu le veux, reste avec moi, demeure,
« Touche mes yeux ardens, car je crois que je pleure. »