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« Retarder le cercueil, où j’ai soif de descendre,
« Et le Temps qui demande à marcher sur ma cendre.
« Déjà vers l’avenir je n’étends plus mes soins,
« Les jours qu’on m’ôtera sont des larmes de moins.
« De l’avenir d’ailleurs s’allonge en vain l’espace :
« Il devient tôt ou tard le passé qui s’efface ;
« Tu l’avances pour moi : c’est bien, je suis tout prêt.
« Une autre mort sans doute aurait eu plus d’attrait ;
« Le Ciel ne le veut pas ! honneur à ta justice…
« J’ai déjà tant souffert que je ris du supplice ;
« Car enfin, qui ne sait que tu me haïssais !
« Tu t’approchais de moi quand j’avais des succès,
« Et méprisant bientôt mes armes et leur maître,
« Qui ne pouvaient nommer que l’honneur pour ancêtre.
« Je n’étais votre fils qu’une fois par hasard !
« N’ai-je donc tant vécu que pour rester bâtard ?
« Va, je suis bien ton fils, j’ai ton âme farouche.
« La liberté du cœur est toujours sur ma bouche ;
« Mais le Ciel, dont je tiens ton âme et ta valeur,
« Le Ciel pour mieux venger ma mère, et son malheur,