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Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/125

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Découler les faveurs de ses puissantes mains,
A ses derniers amis n’a pu léguer sa cendre :
Et ses regards éteints, qui demandaient son fils.
N’ont vu qu’un étranger lui tendre un crucifix !
Mais ne le pleurez pas, par égard pour sa gloire ;
Le héros, de son rang chassé par la terreur,
Est allé demander droit d’asile à l’histoire,
Où, proscrit de la terre, il entre en empereur.

Exilés près de lui par la reconnaissance,
Vous, dont les noms connus iront, sans mon secours
De nos fils étonnés attendrir les discours,
Laissez ses ossements où finit sa puissance.
Qu’il ne repasse pas les mers dans son cercueil !
A part dans son génie, à part dans son orgueil,
Son tombeau, comme lui, doit être loin du monde.
Un jour, l’amant du glaive et des nobles lauriers,
Sur un vaisseau pieux fendant la mer profonde,
Fera, de ce tombeau, la Mecque des guerriers.

S’il attacha la France au joug de l’héroïsme,
Courbé sous sa grandeur, j’en ai maudit le faix ;
Mais je n’en rends pas moins justice à ses hauts faits
J’admire le despote, et hais son despotisme.
Semblable, dans son règne, à ces puissants Romains
Qui, par la liberté, subjuguaient les humains.