Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/154

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Et, pour parer de fleurs mes vases poétiques,
Soulever à demi ses mains paralytiques.
Pauvre femme ! et les fleurs, dont elleavait faitchoix,
Se flétrissaient comme elle, en passant sous ses doigts.

Dans sa tristesse, hélas ! qu’aisément on s’arrange !
Ma mère n’était plus que le spectre d’un ange :
Et moi, m’habituant à la voir dépérir,
J’avais presque oublié qu’elle devait mourir :
Et mon cœur, attentif à craindre son veuvage,
Reculait, tous les jours, le terme du voyage.
Toi, qui le craignais tant, ce terme si prévu,
Heureuse encore, au moins tu ne m’auras point vu
Interroger long-temps, sous mon doigt inhabile,
Ton pouls qui se taisait, et ton cœur immobile.
Et vous, qui la serviez, vous qui, pendant trois ans,
Avez, de son enfance, assidus complaisants,
En surveillant ses maux, partagé nos alarmes,
Vous n’avez plus besoin de déguiser vos larmes ;
Pleurez ! déjà sa vie est toute en nos regrets.
Le trépas tout entiér s’empare de ses traits.
En vain devant sea yeux la lumière s’agite,
Le plus lourd des sommeils sous sa paupière habite,
Et comme un drap de plomb sur ses membres s’abat :
Sans qu’un souffle attendu vienne en ternir l’éclat,
Le miroir a passé sur sa bouche entr’ouverte :
Sans être vide encor, son alcovc est déserte :