Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/173

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Comme eux, de place en place, errait en s’écroulant.
Rien n’était calculé : les globes, en roulant,
Sur leur courbe excentrique insultaient l’équilibre :
Des astres échappés, sans en être plus libre,
La foule embarrassait l’ordre du firmament :
Et des cieux, étonnés de notre aveuglement,
L’empire, pour répondre à tant de divergence,
Restait aussi confus que notre intelligence.

XVIII.
L’esprit humain s’arrête, et, frappé de torpeur,
Semble, comme un navire équipé par la peur,
Élever sur les mers, qu’il parcourt sans pilote,
Ses colonnes d’Hercule au tombeau d’Aristote.
Il ne produit plus rien ; ses impotents travaux
Ne font qu’écheniller de stériles rameaux,
Et, pour de nouveaux fruits, vendent à la jeunesse
Les dogmes vermoulus d’une vaine sagesse.
Semant dans le passé, pour ne rien recueillir,
On retourne à l’enfance, à force de vieillir.
Platon recommencé fuit devant Pythagore :
On délivre des fers l’ombre d’Anaxagore :
De leur néant poudreux désertant la prison,
Les morts jettent leur cendre aux yeux de la raison ;
Et l’homme obstinément consulte, sur la vie,
Le cadavre épuisé de la philosophie.