Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/262

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Que ne peut-on presser tous les hommes en un,
L’assiéger, dans un seul, des regards de chacun,
Trouver un être, enfin, capable de comprendre,
Avec tout ce qu’on sait, tout ce qu’on peut apprendre !
L’homme, s’il ne sait tout, ne peut rien découvrir.
Tout savoir ! quel chemin, quel cercle à parcourir !
Et vains rêves encor ! le mystère invincible,
Fût-il à découvert, serait inaccessible.

On voit des conquérants, à l’œil audacieux,
D’un éclair prophétique envelopper les cieux,
Et, de leur vol lointain subjuguant l’hyperbole,
Des astres étonnés ravir le monopole :
Du tonnerre docile analysant les lois,
On en a désarmé l’air au profit des rois :
Les uns ont, disséquant ses entrailles captives,
De ce globe en tous sens labouré les archives :
Les autres, de la vie explorant l’Archipel,
Dans tous les coins de l’homme ont porté le scalpel.
Ceux-ci de tous les corps décomposent l’essence :
Ceux-là, du Créateur usurpant la puissance,
Au frein d’une hypothèse enchaînent le destin :
Et qu’en résulte-t-il ? que le pouvoir humain,
Dans un cercle prescrit sache enfermer l’histoire,
Et tracer, dans le temps, la courbe de la gloire :
A quoi bon ! ces efforts ne nous mènent à rien.
De tout ce qu’on ramasse où prendre le lien ?