Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/301

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Qu’on montre, pour deux sous, au coin des carrefours,
Le rival muselé d’un serpent ou d’un ours.
Martyre tout nouveau dans le martyrologe !
Faute d’air et d’espace il se meurt dans sa loge,
En butte au curieux, au peintre, à l’écrivain,
Qui vient avidement, son album à la main,
Du vieux lion, qui râle, esquisser l’agonie !
Hommes, voilà pourtant votre plus beau génie !

VIII.
Ces maux vous font sourire et pleurer tour à tour !
Souriez maintenant, la nuit fait place au jour :
Un tombeau va s’ouvrir ! ces angoisses de flamme,
Qui lui plongeaient le bec et les griffes dans l’âme,
Pour ne plus s’en saisir, lâchent son large cœur.
Que vos lèvres surtout perdent leur pli moqueur !
Il ne se plaindra plus. Ce front sans auréole,
Baptisé par la mort, reprend l’éclair d’Arcole :
Ses trente ans de triomphe, un instant oubliés,
Au chevet du soldat tout à coup ralliés,
Vont escorter en deuil sa dernière campagne :
D’invisibles drapeaux le crêpe l’accompagne.
Après n’en avoir fait qu’un sanglant histrion,
La Satire s’éloigne avec émotion,
Et l’appelle, en partant, de son nom de victoire.
Quelle scène en effet, à sacrer par l’histoire,