Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/326

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LA PROMENADE D’AVRIL.

Contre le vent d’avril, qui souffle dans les bois,
Aguerrissez vos pas devenus villageois ;
N’écoutez pas l’hiver, dont la piquante haleine,
Au printemps, qu’il combat, dispute encor la plaine.
Si vous craignez-du soir l’humide obscurité,
Soyez faible et frileuse avec sécurité :
Cherchez, sous ce manteau, ce qu’il faut de courage,
Pour braver la fraîcheur, qui tombe du feuillage.
L’air est froid, dites-vous ! oh ! ne vous plaignez pas
D’affronter la rigueur de nos derniers frimas ;
La nuit vous récompense : elle est pure : ses charmes,
Si vous en répandiez, engourdiraient vos larmes.
Sur tous les fronts en peine elle étend son bandeau.
On n’ose pas souffrir, quand le ciel est si beau :
Ne souffrez pas : donnez, au cœur qui vous rassure,
Une raison de plus de bénir la nature.

Un silence enchanté plane sur ce berceau !
Orienté dans l’air comme un pâle vaisseau,