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Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/337

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Ou raser, comme un lac, l’onde des blés nouveaux
L’arbre incliner vers moi son salut de rameaux :
Et des gais papillons les escadres fleuries
Naviguer, à fleur d’herbe, au milieu des prairies :
Je crois au fond du cœur, j’imagine du moins,
Que, de tous mes secrets mystérieux témoins.
L’arbre, les papillons, les ruisseaux, l’hirondelle,
Reconnaissent en moi leur courtisan fidèle,
Et, dans leur langue à part, que je voudrais savoir
Se parlent du bonheur, que j’éprouve à les voir.
Tout semble autour de moi, s’aimantant de ma flamme
Graviter vers ma vie, et compléter mon âme.

Le monde est un cercueil, où les morts font du bruit
La solitude, un temple, où le silence instruit.
Allez voir le matin empourprer ses coupoles !
Le feu de ses rayons passe dans nos paroles :
Propice à nos frayeurs, l’avenir transparent
Peuple au loin l’horizon de tableaux rassurant,
Et réglant sur nos vœux ses faciles promesses,
Met la crédulité de plus dans ses richesses.
Nos visions du jour en ont l’éclat vermeil :
On sent, à leur chaleur, qu’on les tient du soleil.
Si le lierre balance un espoir sur sa tige,
La mésange qui passe en porte un qui voltige :
La cascade a le sien, qu’elle annonce, en courant,
Et sur nos églantiers mille autres, murmurant,