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Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/346

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On meurt ! et votre espoir, au jeu de l’avenir,
Contre un serment possible expose un souvenir.
L’homme aussi vous survit ; mais avant qu’il succombe,
Il traîne, après ses jours, votre incurable tombe.
Plus rebelle au bonheur qu’un bronze inanimé,
Dans son malheur viril il végète enfermé,
Et, Adèle gardien du deuil qui l’emprisonne,
N’a plus rien de vivant, que les pleurs qu’il vous donne.
Trouvez-moi quelque part, dans vos fastes glacés,
Dans ces contes adroits, pour les femmes tracés,
Qui, pliant le mensonge à de faux airs d’histoire,
Se font de vos vertus un thême obligatoire :
Trouvez-moi, s’il se peut, dans ces livres chagrins,
Des larmes, qu’on vous prête, à chaque page empreints,
Quelques portraits de vous, dignes de faire escorte
A celui de ce roi, pâle époux d’une morte,
Qui règne, en sentinelle, à côté d’un cyprès !
Les romans n’osent pas inventer ces regrets.



Avez-vous quelquefois, dans vos rêves nomades,
Des bords du Mondego foulé les esplanades :
Et là, le cœur touché des maux que je connais,
Relevé la cabane ou le temple d’Inez ?
Moi, quand mes vers jadis interrogeaient les prées,
Où de son sang, dit-on, les fleurs naissent marbrées,