Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/448

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Toi, dont l’essor viril se plaît sur les hauts lieux,
Prête-moi, pour t’y suivre, un éclair de tes yeux.
Aux champs de l’épopée accélère ma course :
De la Création viens me rouvrir la source,
Et faisant, avec toi, tenir Dieu dans mes vers,
Viens, à force d’amour, me dicter L’univers.
L’amour n’est ici-bas qu’un surnom du génie :
Phare surnaturel, enflammé d’harmonie,
Il guide notre nef jusqu’au delà des cieux.
Qu’importe qu’on l’appelle un feu capricieux,
Une fièvre des sens, que le hasard allume,
Qui vieillit avec eux, quand le corps se consume !
L’amour ! c’est la puissance, unie à la raison :
C’est un rayon de Dieu, visible à l’horizon.

Toi-même, Maria, sois ce rayon sublime,
Qui, lorsqu’elle fléchit, relève la victime :
Fais luire sur mon front le bienfait d’un coup d’œil.
Par l’hydre du chagrin cerné sur mon écueil,
Deviens, pourm’affranchir, mon armure et mesarmes.
Que je sache où pleurer, quand j’ai besoin de larmes !
Que je puisse, de loin, te voir à chaque instant,
Te voir, te respirer encore, en te quittant !
S’il est vrai, Maria, qu’en*ce monde éphémère,
L’amour nous soit versé dans une coupe amère,
iNe me refuse pas l’unique et dernier don,
Qui puisse repeupler mes heures d’abandon.