Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/46

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Aux dieux, qu’il invoquait, on se surprend à croire,
Et ses chants onf pour nous la force de l’histoire.
Voici Cumes, voici les bois du rameau d’or !
Les colombes de Cypre y voltigent encor.
Ici de la sibylle est la sourde caverne :
Là les flots vénéneux de l’immobile Averne,
Et les Champs-Fortunés, où la porte d’ivoir
S’ouvre aux rêves des morts, qu’on demande à revoir.
Le poète lui-même, épris de ces rivages,
Où ses vers sont debout pour repousser les âges,
Semble, roi de la côte où git son souvenir,
Du haut de son passé surveiller l’avenir,
Et, gardien endormi de sa propre mémoire,
Protéger ces beaux lieux, qui défendent sa gloire.

IX.
Oh ! que de poésie on recueille dans l’air !
Vos regards curieux traversent-ils la mer,
Vous découvrez Sorrente, et ses toits en terrasse,
Et ses bois d’orangers, tiède berceau du Tasse,
Où le Tasse revint, vieux d’avoir trop soutfert,
Demander un cercueil, qui n’était pas ouvert.
Plus près c’est Amalfi, dont les jasmins qui dorment
Fontcourir leur parfum sur les sentiers qu’ils forment.
Oh ! n’en détournez pas vos regards inconstants :
C’est presque du bonheur, que de les voir long-temps.