Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/468

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De la terre au soleil promener leurs compas,
Et sur un sol fuyant, qui glisse sous nos pas,
Dresser, dans les brouillards, leurs échelles de bru me.
Vingt fois tombés, leur force à la fin se consume.
Las de voir tous ces flots de mystères épars,
Submerger leur pensée, ou noyer leurs regards,
Tous ces grands scrutateurs finissent par suspendre
L’assaut d’un univers, qui ne veut pas se rendre.
Ils lèvent le blocus, dont ils cernaient les cieux-
Et l’aile, qu’empruntait leur rêve ambitieux,
Pour fendre de l’éther les vagues étoilées,
Les ramène bientôt, de ces mers reculées,
Oublier, sous les fleurs de notre humble horizon,
Le naufrage élevé de leur triste raison.

Eh ! n’imaginez pas, qu’aigris par leur défaite,
La nature, pour eux, ne soit plus qu’imparfaite :
Et qu’à ce globe étroit par la vie enchaînés,
Ces aigles, dans leurs fers follement mutinés,
Refusent d’admirer ce qu’ils n’ont pu comprendre :
Loin de là ! leur esprit, forcé de redescendre,
Rapporte, de son vol, des secrets d’adorer,
Et jouit du mystère, au lieu d’y pénétrer.
Leur déroute orageuse a, comme leur adresse,
De leurs sens plus subtils aiguisé la finesse :
Le commerce des cieux, l’habitude des airs,
A de leurs yeux plus vifs allongé les éclairs :