Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/55

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


XIX.
Ces dévoûments sont bons au berceau des états ;
Mais il était trop tard, quand tu les méditas :
Le luxe avait pourri le vieux chêne du Tibre ;
La gangrène de l’or le rongeait fibre à fibre.
Borne ne visait plus qu’à se déshonorer :
Et Rome, après ta mort qu’elle n’osa pleurer,
Rome, de ses aïeux adultère orpheline,
Aux plus vils bateleurs, que soldait Messaline,
Prostitua ses flancs épuisés de héros.
Effrontément couchée au milieu de leurs os,
Elle ne quitta plus son cloaque et son auge,
Que pour salir encor les restes de sa toge ;
Pour faire un empereur ou quelque dieu nouveau :
Le dieu, d’un empereur : l’empereur, d’un bourreau.

XX.
On ne le voit que trop : la herse impériale
A remué ces champs, d’où le crime s’exhale,
Et dans leurs noirs ravins détourné l’Achéron.
Octave y dort peut-être auprès de Cicéron :
Cicéron, sa victime, et plus encor son maître,
Qui ne parut jamais plus éloquent, peut-être,
Que le jour où l’on vit, saignant palladium,
Sa tète consulaire effrayer le forum.