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Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/596

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XVIII.
M en love in bute, but they detest at leisure.
Byron

Vous croyez que je pars, pour revenir demain !
Depuis plus de dix ans qu’il ne sait qu’un chemin,
Vous ne supposez pas qu’un homme, qui vous aime.
Puisse marcher long-temps, sans reprendre le même !
Votre seuil cependant a vu ses derniers pas.
Adieu, de cet adieu dont on ne revient pas :
Et, s’il reste une vie encore après la nôtre,
Adieu, dès maintenant, pour ce monde et pour l’autre !
Je crois que c’est assez, et trop d’un, pour souffrir.
S’il fallait vous revoir, penserais-je à mourir ?
Non, je ne veux de vous dans aucune existence.
Aussi bien que l’amour, la haine a sa constance :
Et si l’on n’y hait pas, je ne veux pas du ciel.
Qu’il garde les trésors de sa coupe de miel,
S’il faut qu’un jour votre ombre avec moi la partage !
Mourir, pour retrouver votre éternelle image !
L’enfer sans vous vaut mieux que votre paradis :
Les lieux, où vous serez, seront mes lieux maudits.
Ma mémoire implacable est mon dernier courage.
Trouvez, si vous pomez, pour en flétrir l’hommage,