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JEAN RHOBIN

pas ce qu’ils disent. Je persiste à croire que le candidat devrait s’arranger tout seul.

— Mais tu ne penses toujours pas que les orateurs soient mal intentionnés ?

— Au contraire, dit Jean, ils sont trop bien intentionnés. Ils forcent la raison et l’esprit de parti perce un peu trop loin.

— Bien, ceux-là, il faut les faire taire ou les envoyer dans les centres moins importants où les grandes foules n’ont pas à les juger. Qu’en penses-tu ?

— Je pense qu’il vaudrait mieux les faire taire complètement ; car ces sacrées gueules me tombent sur les nerfs. J’ai avec moi une couple de bons orateurs. Mais savez-vous que notre candidat n’a aucunement besoin de nous ? Il est bien doué, éloquent, pourquoi ne pas le laisser seul exposer son programme ?

— Non, Jean. Tu manques d’expérience. Dans une lutte électorale, on a besoin de tout le monde.

***

Jean ne disait plus rien. Il ne voulait pas déplaire à son père, mais il n’avait nullement