Page:Lefrançais - Étude sur le mouvement communaliste à Paris, en 1871.djvu/103

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 97 —

citoyens qui, pour éviter tout conflit ultérieur, demandaient à ses membres leurs démissions écrites.

Visiblement fatigué de la lutte qu’il soutenait, et peut-être inquiet des éventualités que la prolongation de cette lutte pouvait faire surgir, le général Trochu consentait enfin à céder la présidence gouvernementale à M. Dorian et à se démettre de ses fonctions de gouverneur de Paris, fonctions dont l’empire l’avait investi et qu’il avait eu l’impudeur de conserver, malgré le 4 septembre. — Le général demandait seulement à conserver un commandement militaire devant l’ennemi, et ses collègues, fort impressionnés par cet abandon, allaient peut-être se décider à se retirer, eux aussi, lorsqu’il se produisit un incident qui pour eux tous fut le salut.

Un homme, dévoué jusqu’à la mort à ses convictions, mais d’une désespérante personnalité, était venu, sans s’en douter, dénouer cette situation périlleuse pour la Défense.

Faisant irruption dans la salle, Gustave Flourens, alors chef du bataillon des Tirailleurs de Belleville, vint annoncer aux assistants qu’un Comité de Salut public venait d’être définitivement acclamé, et que ce Comité se composait des citoyens Flourens, Blanqui, Millière, Félix Pyat, Victor Hugo, Delescluze, Mottu, Ranvier et Avrial. Sur l’observation d’un citoyen, le nom de Dorian, d’ailleurs porté sur toutes les listes qui circulaient déjà, fut ajouté en tête de celle-ci.

Cette proclamation d’un Comité de Salut public, quelle que fût d’ailleurs sa composition, donnait un tout autre caractère au mouvement et en compromettait complètement le succès.

C’était en définitive la substitution d’une dictature à une autre, et seulement des noms opposés à d’autres noms : la machine gouvernementale restait la même et plus impuissante encore au salut public, malgré le titre pompeux qu’on lui prétendait maintenant faire porter.