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La tactique sous l’empire et sous le non moins exécrable gouvernement du 4 septembre fut, on le voit, toujours la même. Du 14 août 1870 (affaire de la Villette) jusqu’au 22 janvier 1871, chaque fois que les républicains socialistes voulurent, en face de l’ennemi envahissant la France, qu’on prît les mesures indispensables pour le repousser victorieusement, ils furent dénoncés par leurs adversaires de toutes couleurs — bleus, blancs ou rouges, — comme étant les agents de Bismarck. De son côté, ce dernier, jouant le même jeu avec les socialistes allemands, avait fait arrêter, comme vendu à la France, le docteur Jacoby, le seul qui, au parlement prussien, eût protesté contre l’agression brutale dont la République française était l’objet.

Décidément, depuis le 9 thermidor, notre malheureux pays, n’avait point encore subi d’aussi misérable gouvernement que les successeurs de Napoléon III, de honteuse mémoire.

Le massacre du 22 janvier était tellement concerté que l’Hôtel-de-Ville et ses annexes de l’avenue Victoria étaient, nous le répétons, bourrés de mobiles bretons. — ceux de l’Ille-et-Vilaine exceptés, paraît-il, car leurs chefs protestèrent aussitôt, affirmant qu’ils ne s’y trouvaient pas. De plus, les fenêtres de ces constructions, donnant sur la place, avaient été, dès la veille au soir, blindées à l’aide de sacs à terre.

Le crime consommé, de nombreuses arrestations furent ordonnées. Près de mille mandats avaient été lancés, mais ne purent être exécutés, il est vrai, grâce à la résistance qu’y apportèrent les municipalités des arrondissements dans lesquels ces arrestations devaient être faites. Ce fut du reste la seule preuve d’énergie que témoignèrent les municipalités. On dut se contenter d’une centaine de personnes, arrêtées au hasard dans les rues avoisinant l’Hôtel-de-Ville, mais, comme toujours, en presque totalité, absolument étrangères aux événements qui venaient de se passer.

Ces malheureux furent d’abord jetés à Vincennes