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était défendu avec la plus grande énergie dans sa profession de foi à ses électeurs. C’était bien l’homme de la majorité actuelle, indécise encore, il est vrai, sur le choix d’une monarchie, mais absolument anti-républicaine.

Après l’élection de son président, l’Assemblée reçut la démission collective des membres du gouvernement de la Défense qui, bénéficiant de la nécessité où l’on se trouvait de traiter au plus tôt la question urgente de la paix ou de la continuation de la guerre[1], ne rendirent aucun compte de leur gestion, et il fallut nommer plus tard une Commission spéciale d’enquête pour les y contraindre.

Un gouvernement personnelles remplaça. Ou nomma M. Thiers chef provisoire du pouvoir exécutif, avec mission de constituer un ministère à sa convenance.

Cette nomination fut le résultat d’une sorte de pacte conclu entre les monarchistes et les républicains, appelé Convention de Bordeaux, et auquel les républicains de l’Assemblée eurent le tort de consentir. En suite de ce pacte, il fut entendu que provisoirement la République ne serait pas mise en question, et qu’à défaut de sa reconnaissance définitive, chaque partie abdiquerait momentanément ses prétentions à un autre ordre de choses.

De fait, la monarchie, c’est-à-dire le pouvoir personnel, était bel et bien rétablie provisoirement dans la personne de M. Thiers, auquel le mot de République devait seulement servir d’étiquette pour faire accepter au pays ce nouveau mensonge politique.

Enfin, dans la séance du 2 mars, la paix fut votée par 546 voix contre 107, malgré tout ce qu’en purent dire MM. Hugo, Quinet et Louis Blanc entr’autres, qui

  1. Un deuxième cl dernier délai avait clé accordé par la Prusse. Ce dernier délai expirait le 28 février, et rentrée di s troupes allemandes dans Paris était définitivement fixée au 1er mars — Ce délai n’ayant pas suffi encore, l’armée allemande dut faire son entrée avec cette condition qu’elle en sortirait 24 heures après l’acceptation de la paix par l’assemblée.