Page:Lefrançais - Étude sur le mouvement communaliste à Paris, en 1871.djvu/143

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 137 —

Juin 1848, avaient prêté un si utile concours au général Cavaignac.

Mais les temps étaient changés et nos gouvernants s’en aperçurent bientôt.

Quoiqu’il en soit, l’œuvre de réaction fut fixée au 18 mars, et dès le matin de ce jour, on put lire à chaque coin de rue l’affiche suivante :

Habitants de Paris,

Nous nous adressons encore à vous, à votre raison et à votre patriotisme, et nous espérons que nous serons écoulés.

Votre grande cité, qui ne peut vivre que par l’ordre, est profondément troublée dans quelques quartiers, et le trouble de ces quartiers, sans se propager dans les autres, suffit cependant pour y empêcher le retour du travail et de l’aisance.

Depuis quelque temps, des hommes malintentionnés, sons prétexte de résister aux Prussiens, qui ne sont plus dans vos murs, se sont constitués les maîtres d’une partie de la ville, y ont élevé des retranchements, y montent la garde, vous forcent à la monter avec eux, par ordre d’un Comité occulte[1] qui prétend commander seul à une partie de la garde nationale, méconnaît ainsi l’autorité du général d’Aurelle, si digne ( ?) d’être à votre tête, et veut former un gouvernement en opposition au gouvernement légal, institué par le suffrage universel.

Ces hommes qui vous-ont causé déjà tant de mal, que vous avez dispersés vous-mêmes au 31 octobre, affichent la prétention de vous défendre contre les Prussiens, qui n’ont fait que paraître dans vos murs[2], et dont ces désordres retardent le départ définitif ; braquent des canons qui, s’ils faisaient feu, ne foudroieraient que vos maisons, vos enfants et vous-mêmes[3], enfin compromettent la République au lieu de la défendre ; car, s’il s’établissait dans

  1. Ne pas oublier que ce comité occulte venait de publier ses statuts dans une assemblée de plus de trois mille citoyens, tenue au Wauxhall, et que ces statuts avaient été reproduits par tous les journaux qui en avaient reçu communication.
  2. Serait-ce l’expression d’un regret chez les signataires de cette affiche ? — On serait assez tenté de le croire.
  3. Qui, des gens de 18 mars et de la Commune, ou bien du gouvernement légal, a commis cette exécrable action ? — à l’histoire de répondre.