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et qui n’appartient en effet qu’à la totalité de la nation.

Quant au défaut de droit et de qualité qu’on opposait au Comité central, cette opposition n’avait pas même le mérite de la sincérité, car depuis quatre-vingts ans, nul plus que ce Comité n’avait droit et qualité pour convoquer les électeurs à se réunir dans leurs comices. Ce reproche était assez étrange venant de la part de gens qui s’étaient inclinés, en 1830, devant la volonté de MM. La Fayette, Laffitte et consorts qui leur avaient imposé Louis-Philippe ; en 1848, devant MM. Lamartine, Ledru-Rollin et autres ; enfin, tout récemment encore, devant le gouvernement de MM. Jules Favre, Trochu et de leurs comparses du 4 septembre.

Il eut été vraiment plus honnête, laissant de côté des questions de principes, qu’on sophistiquait à plaisir, de déclarer simplement que le Comité central étant de par son origine même, appelé à régulariser une révolution populaire, dans toute la vérité de l’expression cette fois, on était décidé à lui refuser l’assentiment qu’on avait donné à ses devanciers qui, eux du moins, avaient toujours offert aux conservateurs la garantie de leurs privilèges sociaux.

L’adresse des maires et des députés était de son côté une véritable niaiserie, puisqu’elle ne tendait à rien moins qu’à subordonner le droit qu’avait Paris de se constituer en Commune, au consentement facultatif de la nation, tant bien que mal représentée par l’Assemblée de Versailles. Cette assemblée venait de donner vraiment une suffisante preuve du respect qu’elle professait pour ce droit, dans le projet de loi municipale auquel faisaient allusion les maires et les députés de la Seine.

Ce projet de loi, préparé et présenté par M. Érnest Picard, ministre de l’intérieur, plaçait le Conseil municipal de Paris, réduit au simple rôle de comptable de la ville, entre les mains et sous la surveillance du préfet de la Seine et du préfet de police, qui en étaient