Page:Lefrançais - Étude sur le mouvement communaliste à Paris, en 1871.djvu/302

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 296 —

stances graves que nous traversions. Aussi, et toutes réserves faites concernant son caractère déclamatoire, la proclamation du Comité de salut public, annonçant ces faits à la population et invitant celle-ci à se mettre en garde contre les complots réactionnaires, n’était que trop explicable.

Ce qui le fut moins, ce fut le peu de sens pratique qu’apporta la Commission de sûreté générale, à la tête de laquelle le citoyen Ferré venait d’être mis, en remplacement du citoyen Cournet, dans la recherche des conspirateurs royalistes, dont les agissements avaient été signalés depuis longtemps déjà à cette Commission. On lui avait même donné connaissance du signe de ralliement : un brassard tricolore dont les conspirateurs devaient se décorer, dès l’entrée des Versaillais, afin de pouvoir prendre entre deux feux les fédérés restés fidèles au drapeau communal.

D’un autre côté, il nous revenait de toutes parts que les diverses maisons soumises à ce qu’on appelle improprement le bureau des mœurs, et particulièrement celles situées aux abords du Palais-Royal, du Louvre et de l’Hôtel-de-Ville, étaient bourrées de sergents de ville, d’agents de police de Versailles et de gardes de Paris. Nous signalâmes plusieurs fois ces faits à la Sûreté en l’invitant à faire vérifier d’urgence ce qu’il pouvait y avoir de fondé dans les renseignements qui nous étaient transmis. Nous ne sachions pas qu’aucune démarche sérieuse ait été faite à ce propos par ceux à qui il incombait de le faire.

Le Comité de salut public crut, il est vrai, avoir trouvé un remède efficace à cette situation. Par un décret daté du 15 mai, il astreignit les citoyens à être porteurs d’une carte d’identité (carte civique) qui leur devait être délivrée par le commissaire de police de leur quartier, en présence et sur l’attestation de deux témoins.

Cette mesure tardive n’eut d’autre effet que de mettre dès le début à néant l’autorité du Comité qui se com-