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sans retour du boucher de Juin et de l’assassin de Décembre !

Ceux que leur mission appelait tous les jours sur les points principaux de la défense ne pouvaient en effet plus se faire d’illusions.

Du côté Ouest, les remparts n’étaient plus tenables entre le port d’Auteuil et le Point du Jour, tant ils étaient incessamment balayés par les projectiles qu’y dirigeaient les batteries de Meudon et de St-Cloud.

La négligence apportée à la mise en état de l’artillerie qui eut dû protéger les fédérés de ce côté, négligence que dés le 21 avril nous avions signalée chaque jour avec le citoyen Gambon aux divers délégués à la guerre, commençait à porter ses déplorables fruits : la batterie de Mortemart avait été rétablie sous nos yeux par les Versaillais ; les ponts-levis des portes d’Auteuil et de St-Cloud ayant eu leurs chaînes brisées par le canon, étaient retombés en travers des fossés et formaient de véritables ponts fixes qu’il devenait facile à l’ennemi de franchir après avoir fait jeter dessus un tablier volant, pour recouvrir les vides qu’offraient les panneaux complètement brisés.

Le matin même du 21 mai, vers 4 heures, ayant passé tout la nuit avec le commandant du secteur[1] et le citoyen Dombrowski, général en chef du corps des fédérés de l’ouest, notre attention fut sollicitée par un artilleur (le seul qui fût resté à son poste !) placé en sentinelle près la porte de Saint-Cloud. Il nous montra une tranchée que les Versaillais avaient faite dans la nuit même, courant parallèlement à 15 mètres environ du fossé des fortifications et déjà garnie de ses gabions pour protéger le travail des terrassiers, et pendant que nous examinions avec une certaine inquiétude ces travaux d’approche, les sentinelles pla-

  1. Le chef de légion Mathieu.