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militaire, que son commandant, le citoyen Razoua, s’était vu contraint d’évacuer avec le petit nombre d’hommes qui lui étaient seulement restés.

Ce défaut d’énergie apportée à la défense, sur les points tout d’abord envahis, tenait, non au manque de courage des fédérés, mais à un retour au fatal préjugé qui, en juin 1848, avait causé l’insuccès de l’insurrection et qui, cette fois encore, allait hâter la chute de la Commune : chacun songeait uniquement à aller défendre son quartier.

Instinct compréhensible sans doute, mais, nous le répétons, absolument contraire au bon sens, puisqu’il éparpillait, en les localisant, des forces suffisantes encore en nombre et en dévouement, et à l’aide desquelles on eût pu tenter quelque mouvement tournant pour envelopper tes assaillants et les écraser. L’éparpillement permit au contraire aux troupes ennemies de s’avancer constamment en resserrant le cercle dans lequel se venaient grouper, trop tardivement, hélas ! les courageux débris des fédérés, refoulés successivement des quartiers extrêmes de Paris, laissés sans secours par ceux du centre.

Aussitôt que le Comité de salut public eut appris qu’il n’y avait plus à douter de l’entrée des Versaillais (vers onze heures du soir), les municipalités furent invitées à hâter la construction des barricades nécessaires à la défense locale des arrondissements et à donner l’ordre aux chefs de légion de faire immédiatement battre le rappel pour mettre sur pied leurs forces disponibles.

Le tocsin sonna partout dans Paris et chacun comprit que l’heure décisive avait sonné.

Tous se préparèrent à la lutte et la plupart des membres de la Commune, à l’exception de ceux qui s’étaient le plus fait remarquer pour leur amour des décorations distinctives, alors qu’il y avait moins de dangers à courir, le plus grand nombre, disons-nous,