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avaient besoin pour soutenir l’attaque à laquelle ils s’attendaient d’heure en heure. Cette artillerie, paraît-il, ne put leur être envoyée non plus.

C’est en revenant de cette reconnaissance que le citoyen A. Humbert et moi, qui composions l’arrière-garde, nous vîmes pour la dernière fois le citoyen Cluseret.

Ce dernier venait à notre rencontre, attiré, nous dit-il, par le bruit de coups de feu qui lui paraissaient venir du côté de la Chaussée-d’Antin, lorsqu’il nous rencontra à l’entrée de la rue Lepic (ancienne barrière Blanche). Nous nous étions offerts tous deux, Humbert et moi, à l’accompagner, lorsqu’un incident futile nous arrêta quelques instants à peine. — Quand nous voulûmes rejoindre Cluseret, celui-ci avait disparu, et nous eûmes beau le bêler, nous ne reçûmes aucune réponse de nature à nous indiquer, au milieu d’une nuit assez noire, la route qu’il avait prise.

Celle étrange et brusque disparition nous fit croire, à Vermorel et à moi lorsque je la lui racontai, que, désespérant du succès et peu soucieux en somme de risquer sa vie pour des gens qui venaient de le tenir presqu’un mois en prison sans motifs sérieux, Cluseret s’était ménagé quelque retraite dans le voisinage et qu’il s’y était rendu, abandonnant les fédérés à leur sort. — Nous ne saurions, quant à nous, blâmer bien sérieusement une retraite que les procédés désagréables de la Commune et du Comité central à l’égard de Cluseret ne justifiaient que trop.

Ce fut encore durant cette nuit passée avec lui à Montmartre, que je compris tout ce que valait Vermorel.

Il nous était souvent arrivé à la Conciergerie, alors qu’avec Eudes, Ranvier, Jaclard, Tridon, Vermorel et d’autres, nous expiions le crime d’avoir voulu nous opposer aux trahisons de Jules Favre, Trochu et consorts — le 31 octobre, — il nous était souvent arrivé à tous de deviser sur les péripéties politiques qui surgi-