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À M. Thiers donc incombe absolument la responsabilité des résultats funestes de ses odieux calculs politiques.

Si maintenant on ajoute à ces causes de réelle responsabilité la barbarie sans nom, digne de l’ancienne férocité de Carthage envers les mercenaires, dont avaient fait preuve jusque-là les généraux chargés de diriger les opérations militaires contre la Commune ; si l’on considère que depuis deux mois que durait la lutte, les droits de l’humanité avaient été indignement violés par nos ennemis, fusillant froidement les chefs et même quantité de simples soldats tombés entre leurs mains ; si l’on songe enfin que, depuis l’entrée des Versaillais dans Paris, c’est-à-dire depuis quatre jours, les Galiffet, les Vinoy, les Ladmirault et autres complices de Bonaparte en 1831, vengeaient avec une rage sans exemple dans le sang de nos infortunés amis, vaincus aux barricades, les hontes que leur avait values leur lâcheté devant les Prussiens ; que depuis le 21 mai, le sang coulait à flots dans tous les quartiers envahis par nos féroces vainqueurs ; que sur tous les points occupés par eux, quantité de malheureuses femmes et jusqu’à de pauvres petits enfants étaient fusillés par ordre des chefs dé l’armée de Versailles, nous en appellerons à l’Europe indignée et nous lui demanderons si le sang de quelques personnages plus ou moins importants, versé par l’exaspération du peuple, tant de fois déjà massacré sans pitié, pourra jamais laver les vainqueurs de la Commune de leurs abominables forfaits et les innocenter des innombrables horreurs dont ils ont, de parti pris, souillé la noble cité après leur exécrable triomphe[1] !

Dans cette même journée du 21, avaient eu lieu au

  1. Le Figaro du 31 octobre, après plusieurs mois d’enquête, porte à 65 le nombre des personnes fusillées durant la lutte par les fédérés (généraux, prêtres, gendarmes et autres). Qu’on place en regard les milliers de prisonniers mitraillés par les « amis de l’ordre » après la victoire, avec le nombre mentionné plus haut des victimes de la colère du peuple — chiffre fourni par nos propres adversaires — et qu’on juge ensuite de la bonne foi des accusations portées par ces derniers, contre notre prétendue férocité.