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pour mitrailler les ouvriers ; qu’E. Pelletan s’était plaint dans le journal le Bien public, qu’on n’eût pas assez fusillé d’insurgés ; qu’Emm. Arago avait favorisé les réactionnaires de Lyon ; j’oubliai encore que Trochu avait été nommé gouverneur de Paris par Bonaparte, qui se connaît en trahison ; qu’Et. Arago n’était en somme que le frère de son frère François, ce qui n’en fait pas pour cela un plus habile mathématicien, et encore moins un grand administrateur ; que J. Ferry traitait naguères de perruques les gens assez naïfs pour songer plus longtemps à la République ; que Gambetta, réclamant l’exécution quasi-sommaire des gens de la Villette, venait de se faire rappeler à la pudeur par Palikao lui-même.

J’oubliai enfin, pendant deux heures, que tout ce monde, y compris les Crémieux et les Glais-Bizoin, ne pouvait que nous plonger plus avant dans le bourbier, où, depuis 48, les royalistes de toutes nuances, sous le couvert de Bonaparte et de ses bandits, ont jeté le pays.

Cette illusion fit aussitôt place à la rage, en songeant à ce qui allait certainement arriver.

Je me calmai cependant, dans l’espérance que votre bon sens, ô Parisiens ! rectifierait immédiatement les sottises et les lâchetés que ces gens ne manqueraient pas de commettre, me disant d’ailleurs que, pas plus que moi, vous n’aviez dû perdre le souvenir de 1818, et que vous veilleriez à ce que les fautes ne s’en renouvelassent pas.

J’avais trop compté sur votre réputation, universelle de gens d’esprit ; réputation à laquelle vous tenez tant, qu’elle vous a crétinisés à force d’y croire.

J’aurais pourtant dû songer à ce qui venait de se passer depuis six semaines et qui avait donné lieu à de tristes réflexions sur votre état mental. — Comme des niais, vous aviez donné tête baissée dans le panneau tendu par Bonaparte, qui, sentant s’approcher l’heure