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groupés sous le drapeau de l’Internationale ; ignorant les forces réelles de cette dernière, avec laquelle aucun des députés de Paris s’était bien gardé d’avoir le moindre rapport direct, ces députés pressentaient que la chute de l’empire allait rouvrir les portes aux revendications du prolétariat, revendications constamment menaçantes pour le pouvoir, si longtemps convoité par eux, et dont ils devaient faire un si triste usage.

Lutter en même temps contre les Prussiens qui s’avançaient sur Paris et réprimer les prétentions des travailleurs résolus à s’affranchir enfin de l’oppression capitaliste, leur semblait une tâche au-dessus de leur énergie, et en vérité ils n’avaient pas absolument tort.

Aussi croyons-nous sincèrement que ce que la gauche parlementaire pardonnera le moins à l’ex-empereur, sera de l’avoir contrainte à lui succéder. Elle avait depuis si longtemps caressé l’espoir de gouverner sous la protection de la responsabilité de ce dernier !

Les aspirations dictatoriales du général Trochu la forcèrent pourtant à se décider.

Dans cette même soirée du samedi — vers 10 heures — une colonne de trois mille citoyens appartenant surtout aux Écoles et au commerce se dirigea sur le Louvre, où siégeait alors le Gouverneur de Paris, et lui demanda de proclamer la déchéance.

L’honnête général fit cette réponse assez claire en somme aux délégués qui parvinrent jusqu’à lui : Ayant prêté serment à l’empereur, l’honneur l’empêchait de se prononcer, mais le peuple, dont l’empereur n’était que l’expression, avait toujours le pouvoir de le délier du serment qu’il avait prêté.

La colonne se retira satisfaite, assurée qu’elle était que le lendemain verrait la chute de l’empire, remplacé peut-être il est vrai par une nouvelle dictature militaire dont le brave Trochu serait naturellement le chef.