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Thiers, décidément écarté de la combinaison comme trop compromettant. Le rôle de ce dernier, pour n’être pas officiel, dans l’action qui allait se dérouler, ne devait d’ailleurs pas moins être de première importance, ainsi que nous le verrons ultérieurement.

Enfin, MM. Magnin, Dorian et Le Flô eurent chacun, le premier, le ministère du commerce, le second, le portefeuille des travaux publics, le troisième, celui de la guerre. Le comte de Kératry fut nommé préfet de police.

À l’explosion de joie qu’avait provoquée la déchéance d’un gouvernement devenu une honte et un danger pour le pays, succédèrent rapidement les tristes réflexions qu’amenaient chez les esprits sérieux la prévision des tiraillements qu’allait faire surgir, dans un moment si périlleux, l’assemblage d’hommes à tendances indécises chez certains et absolument dissemblables chez les autres.

Rien de plus hétérogène en effet que la composition du gouvernement qui venait de succéder à l’empire.

Le général Trochu, nommé président et directeur militaire de la Défense, appartenait, nous l’avons dit, à l’idée monarchique. MM. Jules Favre, vice-président et ministre des affaires étrangères, et Gambetta, ministre de l’intérieur, représentaient, parmi les principaux rôles, la République autoritaire. MM. Jules Simon, ministre de l’instruction publique, Crémieux, ministre de la justice, avaient, depuis longtemps déjà, donné des gages aux orléanistes ; M. Picard, ministre des finances, avait paru disposé, peu de mois avant le 4 septembre, à accepter d’être le successeur d’Émile Ollivier dans la confiance de l’ex-empereur ; et quant à M. J. Ferry, l’huissier introducteur auprès de ce gouvernement, on le savait tout prêt à servir ceux qui se voudraient contenter de son insolente incapacité.

Pour ce qui est de MM. Pelletan, Garnier-Pagès, Emm. Arago, Glais-Bizoin et Rochefort, il était facile de deviner qu’appelés à l’Hôtel-de-Ville par politesse