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donc devancé — au dire de M. Gambetta — la demande formulée à cet égard par la délégation ouvrière.

Quant à l’élection des Conseils municipaux, à celle des magistrats, à la suppression de la préfecture de police et du budget des cultes, et à la reconnaissance absolue du droit d’écrire, de parler et de s’associer, « c’étaient là de graves questions que le gouvernement n’avait pas le droit de trancher. Mais pourtant on aviserait et on ferait certainement cesser les abus, etc., etc. »

C’était, on le voit, toujours les mêmes pratiques et la même théorie. — Tout puissants pour créer les forces destinées à les protéger, et faisant au besoin alors la loi eux-mêmes, les gouvernants se déclarent toujours trop respectueux de la loi dès qu’il s’agit d’abroger d’eux-mêmes les restrictions qui entravent les citoyens dans l’exercice de leurs droits naturels. — Même lorsqu’ils sont issus d’un fait révolutionnaire, les gouvernements ne reconnaissent aux citoyens d’autre faculté que celle de leur obéir, tout prêts qu’ils sont à traiter de factieux les gens assez osés pour tenter de se soustraire à cette obéissance.

Nos délégués se retirèrent donc assez soucieux et bien persuadés que si l’on n’y prenait garde, il en serait de cette révolution comme de toutes les précédentes et que le peuple, cette fois encore, n’aurait servi qu’à l’édification de la fortune politique des membres du nouveau pouvoir, mais que la machine gouvernementale resterait, pour les travailleurs, tout aussi écrasante qu’avant.

Comme pour vérifier ces prévisions, le gouvernement de la Défense s’empressait, le lendemain même du 5 septembre, de laisser au maire de Paris la nomination des maires et adjoints des vingt arrondissements. La presque totalité de ces nominations, toutes prises naturellement parmi les amis d’Et. Arago, se composait d’hommes dont l’inaptitude administrative n’avait