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récente de Millière, assassiné au Panthéon, en est une sinistre preuve.

Le 29 octobre, un rapport militaire, signé Schmidt, annonçait triomphalement la prise du Bourget, village situé au nord-est de Paris, sur l’ancienne route de Flandre. Grâce à cet heureux coup de main, ajoutait le rapport, le cercle des opérations militaires allait enfin s’élargir de ce côté.

Le 30 au soir, on apprenait que, faute d’avoir été appuyés par les renforts nécessaires, les vainqueurs du Bourget avaient été massacrés jusqu’aux derniers par l’ennemi, revenu en nombre, et avec des troupes fraîches qui eurent facilement raison de nos malheureux soldats, épuisés par le rude combat de la veille. Le Bourget était de nouveau perdu !

La colère, cette fois, commença à gagner Paris tout entier. Décidément, se disait-on, le plan Trochu consisterait-il seulement à faire massacrer nos soldats en détail ? Ainsi, deux fois à Châtillon, à Choisy et enfin au Bourget, toujours nos troupes sont obligées de reculer avec pertes après un premier succès, parce qu’au lieu de les appuyer par des colonnes de renfort, on les abandonne à l’ennemi qui, d’abord refoulé, revient ensuite avec des forces dix fois supérieures.

Dans toutes les réunions publiques, dans tous les cafés, sur tous les boulevards et dans toutes les rues enfin, un unanime cri d’imprécations s’éleva contre Trochu, dont l’incapacité devenait évidente.

La nuit entière se passa dans cette agitation indignée.

Le lendemain matin, 31 octobre, cette indignation devint de l’épouvante et de la stupeur.

Paris, placardé d’affiches officielles, apprenait en même temps et la reddition de Metz et l’arrivée à Paris de M. Thiers, chargé de propositions d’armistice ayant pour bases la convocation d’une assemblée et le ravitaillement proportionné à la durée de cet armistice.