Aller au contenu

Page:Legouvé - Dernier travail, derniers souvenirs, 1898.djvu/117

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Vous deviez, ce me semble, armer mieux votre sein,
Et raisonner un peu sur un pareil dessein.
Un dévot comme vous...
― Ah ! pour être dévot, je n’en suis pas moins homme !


s’écrie-t-il, et là-dessus, il jette le masque. Sa passion éclate avec toute sa véhémence, toute sa corruption ! Il ne lui dit pas : « Aimez-moi ! » il lui dit : « Préférez-moi ! » En d’autres termes : « Je sais bien que vous avez... ou que vous aurez un amant, mais, croyez-moi, je vaux mieux. »

 
...Les gens comme nous brûlent d’un feu discret
Et l’on est avec eux toujours sûr du secret.
Le soin que nous prenons de notre renommée,
Répond de toute chose à la personne aimée ;
Et c’est en nous qu’on trouve, acceptant notre cœur,
De l’amour sans scandale, et du plaisir sans peur.


Oh ! pour le coup, tant de cynisme, tant de perversité va faire bondir le cœur d’Elmire d’indignation et de dégoût ! Pas le moins du monde... Elle a autre chose à faire qu’à s’indigner ; elle a son but à atteindre, elle a Mariane et la famille à sauver, et d’un ton calme et moitié ironique :

 
Je vous écoute dire, et votre rhétorique
En termes assez forts à mon âme s’explique.
N’appréhendez-vous point que je ne sois d’humeur
A dire à mon mari cette galante ardeur !