Aller au contenu

Page:Legouvé - Dernier travail, derniers souvenirs, 1898.djvu/125

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ingénue. Or, à ce moment, Mlle Contat, qui avait déjà le droit de s’appeler la marquise de Parny, réunissait l’été, dans son petit château d’Ivry, tout ce que la société parisienne avait de plus brillant et de plus trié sur le volet, comme on disait alors. La fantaisie lui vint de donner à ses amis une représentation de Tartuffe. Rien de plus original que la distribution des rôles. Un mélange d’acteurs et de gens du monde. Mlle Contat dans Mme Pernelle, et Mlle Mars dans Elmire. Pour Mlle Mars, c’était une tentative bien hasardeuse que de sauter d’Agnès et de Victorine à Elmire. La jeune artiste hésitait, résistait. C’est Mlle Contat qui la rassura, qui la poussa, qui lui apprit le rôle, et le jour de la représentation fut un triomphe pour l’élève et pour la maîtresse. La pièce finie, un vieux connaisseur s’approcha de Mlle Contat, et lui dit : « Je vous ai applaudie deux fois ce soir, dans Mme Pernelle et dans Elmire, car Elmire c’était encore vous. ― Vous vous trompez, reprit-elle vivement, je n’ai donné à Mlle Mars que quelques conseils de détails, c’est son intelligence personnelle qui a tout fait. Rappelez-vous bien ce que je vais vous dire. C’est un diamant, il n’est pas encore enchâssé comme il le mérite, mais vous