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Page:Legouvé - Dernier travail, derniers souvenirs, 1898.djvu/153

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CHAPITRE IX

LES DEUX VAUVENARGUES


Il y a deux Vauvenargues. L’un, que j’appellerai le Vauvenargues de Voltaire et qui date de 1746 ; l’autre qui se produisit, cent ans après, d’une manière que je raconterai tout à l’heure. Ces deux personnages ne différent pas, ils se complètent. Ce sont comme les deux profils du même visage. On a souvent remarqué que certaines personnes ne sont tout elles-mêmes que de face. Vues de profil, elles ne se ressemblent pour ainsi dire pas. Leur figure ne donne une impression complètement juste que si elle se présente dans sa plénitude de traits et de physionomie.

Tel est Vauvenargues. Cette âme si complexe, quoique si grande, n’a pas été comprise tout entière du premier regard. Elle nous offre le phénomène étrange d’un esprit supérieur se révélant pour ainsi dire en deux fois à la postérité.