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Page:Legouvé - Dernier travail, derniers souvenirs, 1898.djvu/210

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capitale. Le ciel même semblait s’être mis de la fête. Au ciel, le soleil d’Austerlitz ! Dans l’air, des milliers de petites étoiles de glace qui, en tombant, irisaient le sol et le char. Pour porte d’entrée, l’Arc de Triomphe ! Pour cortège, des débris de l’ancienne armée mêlés aux gloires de la nouvelle ! Sur tout le parcours, une foule innombrable, étagée sur des estrades et saluant, d’acclamations passionnées, chaque pas du char qui s’avançait ! Aux Invalides, toutes les autorités constituées, tous les pouvoirs publics, l’Armée, le Parlement, la Magistrature, l’Université, les Académies, en grand costume, inclinant devant ce cercueil, l’élite de la France libre ! Enfin, pour couronnement de cette journée d’apothéose, le Requiem de Mozart, chanté par ce que tout Paris comptait de plus illustres artistes !

A cinq heures, tout était fini. Le bruit et l’éclat de cette fête triomphale s’éteignaient peu à peu, et le soir, quand le silence et la nuit eurent repris possession de la ville, il y avait deux rois de France à Paris, l’un aux Tuileries, l’autre aux Invalides.

De 1840 à 1848, la France fut travaillée d’un mal étrange, que Lamartine caractérisa par un mot profond : « La France s’ennuie ! » Pourquoi