Page:Legouvé - Dernier travail, derniers souvenirs, 1898.djvu/22

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Enfin, mon instinct et mes habitudes d’auteur dramatique m’amenaient à présenter mes idées et mes personnages sous une forme vivante, à leur donner quelque chose du mouvement du théâtre.

Hé bien, voilà, il me semble, ce qu’il faudrait essayer de reproduire dans ce livre. Ainsi s’expliquerait l’action que j’avais, dit-on, sur mes élèves, ce qu’elles ont pu me devoir. Mais comment expliquer ce que je leur ai dû, moi ! Le bien qu’elles m’ont fait, c’est le mal qu’elles m’ont donné. Dieu sait ce qu’il m’a fallu lire et relire ; apprendre et réapprendre ! Les choses que je connaissais le mieux, prenaient un autre aspect quand il s’agissait de les leur enseigner. J’ai refait mes classes avec elles.

Autant de peines, autant de plaisirs. Que de bons jours j’ai passés à arpenter ma chambre, en me creusant la cervelle pour trouver le moyen le plus propre à leur élargir l’esprit, à éveiller en elles la personnalité de l’intelligence, l’indépendance du jugement. Je tenais aussi à leur donner quelque principe d’éducation, quelque loi morale, qui, plus tard, quand elles seraient professeurs, pût leur servir de guide vis-à-vis de leurs élèves ; de soutien vis-à-vis d’elles-mêmes ; tout cela me tenait