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Page:Legouvé - Dernier travail, derniers souvenirs, 1898.djvu/228

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de l’œuvre répond de son utilité : nos lycées regorgent d’élèves.

Le but, cependant, est-il tout à fait atteint ? Non. Un fait positif le prouve. Toute une partie de la société française, et non la moins notable, fait défaut dans nos lycées. Parcourons les listes des parents ; nous y trouvons des familles de professeurs, de fonctionnaires, de commerçants, d’industriels, de médecins ou de pharmaciens à leur début, c’est-à-dire la petite et moyenne bourgeoisie, la bourgeoisie travailleuse ; au-dessus des classes populaires, au-dessous des classes élevées : le niveau s’arrête là.

Que l’aristocratie nobiliaire et l’aristocratie financière nous manquent, je ne m’en étonne pas. Leur préjugés leur feront longtemps encore repousser la camaraderie de leurs filles avec les élèves de moindre condition, comme une mésalliance. Mais pourquoi n’avons-nous pas la classe si nombreuse et si intelligente de la bourgeoisie riche et même aisée ? Pourquoi n’avons-nous aucune des sommités sociales, professionnelles, artistiques ? Pourquoi ?

Un mot que m’a cité un de nos derniers Ministres de l’instruction publique m’a éclairé sur un point important. Il demandait à un