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Page:Legouvé - Dernier travail, derniers souvenirs, 1898.djvu/245

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CHAPITRE XIII

BÉRANGER


I

Jamais on n’a élevé tant de statues qu’aujourd’hui ; jamais on n’en a tant renversé ; et il semble que ce soit avec les débris des anciennes que l’on construise les nouvelles.

De toutes ces chutes de renommées, la plus éclatante, fut, je crois, celle de Béranger, car nul poète n’est tombé de plus haut et n’est peut-être, tombé plus bas.

Pourquoi ? Comment ?

Il y a là un fait d’histoire littéraire qui vaut d’être étudié.

De 1820 à 1848, Béranger a occupé dans le domaine poétique, une place absolument à part. Admiré par les classiques, applaudi par les romantiques, fêté par la jeunesse, adoré du peuple, porté au pinacle par les libéraux, honoré par les républicains, sympathique même