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Page:Legouvé - Dernier travail, derniers souvenirs, 1898.djvu/295

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bras à une jeune fille : c’était le président de la République. J’avais eu avec lui, avant sa présidence, quelques relations du monde. Il se retourne, me reconnaît, et s’arrête en m’attendant. ― « Vous ! me dit-il, quand je fus près de lui, je suis heureux de vous rencontrer. Permettez-moi de vous présenter ma fille, et à ma fille. » Il me nomma à elle, et ajouta amicalement : « Voulez-vous me faire un plaisir ? Il y a bal dimanche à l’Élysée ; acceptez une invitation. Vous avez bien, dans votre nombreuse famille, quelque jeune personne qui danse... »

« Est-ce que cette familiarité, cette simplicité, cette cordialité ne vous frappent pas singulièrement en un si haut personnage ? Est-ce que ce souvenir ne rendra pas plus saisissantes pour vous les majestueuses ou redoutables figures de souverains que vous offrira le passé ? Est-ce que vous ne suivrez pas avec plus de curiosité toutes les phases qu’à traversées le pouvoir monarchique, pour en arriver à faire du chef de l’État un simple citoyen, et de ce pouvoir qui était le grand ressort de la machine gouvernementale, un balancier qui ne sert plus qu’à imprimer le mouvement et à le régler.

« Je m’arrête, et je termine en vous disant :