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Page:Legouvé - Dernier travail, derniers souvenirs, 1898.djvu/303

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Comme la liberté des théâtres n’existait pas à ce moment, puisque c’est lui qui l’a créée, toutes les scènes, petites ou grandes, subventionnées ou non, tombèrent sous son autorité. Tous les artistes, auteurs ou interprètes, lyriques ou dramatiques, relevèrent plus ou moins de lui ; ils vinrent presque tous chercher en lui un arbitre, un intermédiaire, un conseiller, un appui ; mais, du même coup, par un hasard providentiel, ce grand pouvoir obtenu par C. Doucet donna pleine satisfaction à son goût le plus passionné et à ses qualités les plus délicates.

Grande est l’erreur de ceux qui croient que, quand on fait des pièces de théâtre, on aime, par cela seul, à en voir. C’est une affaire de tempérament. Scribe voyait tout ; Labiche ne voyait presque rien. Augier, Dumas, Sardou, ne sont nullement des habitués de l’orchestre. D’Ennery, m’a-t-on dit, n’assiste presque jamais à aucune de ses représentations, et rarement à celles des autres. Or, Camille Doucet aimait le spectacle autant que Scribe ! Sous toutes ses formes ! dans tous ses genres ! Le croirait-on ? à quatre-vingts ans, à quatre-vingt-trois ans, il l’aimait comme au premier jour. Cet hiver encore, il n’a pu résister à aller, entre deux