Aller au contenu

Page:Legouvé - Dernier travail, derniers souvenirs, 1898.djvu/318

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

dans ce voyage au long cours ; et cela, il l’a fait non pas comme son aïeul, sous le coup d’une douleur poignante, dans une crise de désespoir, mais pour obéir à un sentiment tout intime, à un simple besoin de tendresse paternelle. Comment les choses se sont passées ? On le devine. Au milieu des préparatifs du départ, une commune tristesse les aura saisis tous les deux : la vue de cette enfant leur aura serré le cœur ; l’idée de se séparer d’elle, et pour un si long temps, leur aura gâté toutes leurs joies futures, et un jour ils se seront dit... peut-être tous les deux à la fois : Si nous l’emmenions ? Et ils l’ont emmenée ! Et ils nous l’ont amenée ! et ils nous ont montré, dans un empereur et une impératrice, un père et une mère, pareils à nous tous. Dirai-je ce que je me suis imaginé ? Il m’a semblé qu’au milieu de toutes ces journées de fêtes, ils n’avaient pas de meilleur moment que le soir, quand ils entraient ensemble dans cette chambre attenante à la leur, qu’ils s’approchaient doucement et embrassaient sans l’éveiller l’enfant dans son berceau. Chère petite endormie ! elle a formé un lien de plus entre la Russie et nous. Son père, en venant à Paris, cimentait son pacte d’union avec la