Ronsard, de son temps, avait une renommée qui touchait à l’apothéose. Que reste-t-il de lui aujourd’hui ? Un nom, quelques fragments et un petit chef-d’œuvre : Mignonne, allons voir si la rose...
Voltaire a été, au XVIIIe siècle, proclamé l’égal de Corneille et de Racine comme poète tragique. Aujourd’hui il est tombé au troisième rang. Je pourrais citer bien d’autres exemples.
Impossible donc, ce semble, de décerner définitivement, dès aujourd’hui, à Lamartine et à Victor Hugo, le titre suprême. La première condition leur manque ; ce sont des morts trop jeunes. A peine vingt-cinq ans de tombeau !... Faut-il donc les déclarer hors cause ? Je ne puis m’y résoudre. Leurs titres à l’admiration sont trop éclatants pour ne pas être examinés, dès aujourd’hui, au point de vue de l’avenir, et je vais essayer de plaider leurs chances d’immortalité.
Comment ? Rien de plus simple.
Cherchons quelles sont les qualités fondamentales qui ont valu à nos maîtres du XVIIe siècle de nom de classiques, et voyons si elles sont attribuables à Lamartine et à Victor Hugo.
J’en vois deux principales, qui paraissent se contredire et qui se complètent : Tous nos