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apprendre à Sévère ? Quel est ce dessein qui le calme subitement ? C’est ce que nous ne saurons que deux scènes plus tard, car il ne faut pas moins de deux scènes importantes pour préparer et expliquer un si étrange projet.


II

La première de ces deux scènes est consacrée aux célèbres Stances. Peu de morceaux de Corneille ont été plus commentés. Il me semble cependant qu’on n’en a pas suffisamment déterminé la composition et le caractère. On les a souvent rapprochées des stances du Cid. Aucune analogie entre elles. Le monologue de Rodrigue ressemble à un air de bravoure. C’est un de ces cas de conscience amoureuse dont le débat plaisait tant aux Cours d’amour. La passion s’y mêle d’un peu de rhétorique. Cette antithèse entre l’offenseur et l’offensé, qui revient à la fin de chaque stance, comme un refrain au bout d’un couplet, donne je ne sais quel air de jeu d’esprit au bel élan de cœur de Rodrigue. Dans les stances de Polyeucte, au contraire, tout est action, progression, combat. Il ne s’agit pas là d’une simple prière à Dieu, d’une invocation. Non ! Polyeucte prend lui-