Page:Legouvé - Dernier travail, derniers souvenirs, 1898.djvu/77

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parole, son premier pas se transformèrent en autant d’événements domestiques et préparèrent ainsi cette nouvelle poésie qui est une des gloires de notre grande école lyrique, la poésie de l’enfance. Je dis de l’enfance, car il ne s’agit pas d’un seul nouveau-né, mais de tous. Les frères et les sœurs, les cadets et l’aîné y prirent place au même titre, au même rang ; et avec eux pénétrèrent dans le vieil édifice familial, fondé sur la hiérarchie, les sentiments naturels qui ont pour base l’égalité. Peu à peu, au souffle, au bourdonnement de tous ces petits êtres élevés en commun, disparurent toutes les différences de sexe et d’âge ; le droit d’aînesse disparaît, les droits dissemblables dans le partage des biens disparaissent, et le Code civil déclare tous les enfants égaux devant la loi comme devant la tendresse de leurs parents.

Autre changement. Les mères passèrent naturellement du rôle de nourrices au rôle d’éducatrices. Elles élevèrent sur leurs genoux ceux qu’elles avaient élevé à la mamelle. Elles leur donnèrent les premières notions de tout, les premiers principes de tout, les premières leçons de tout, comme elles leur avaient donné le premier aliment. Après l’enfance,