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Page:Legouvé - Dernier travail, derniers souvenirs, 1898.djvu/87

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s’en accuser et s’en repentir. Rousseau avoue toutes les siennes, mais pour se vanter de les dire. La première page est un témoignage de vanité poussé jusqu’à la folie : « Je fais une entreprise que personne n’a jamais tentée. Je veux peindre un homme tel qu’il est ; cet homme, c’est moi, et je défie aucun de mes semblables d’oser dire, après m’avoir lu : « Je vaux mieux que cet homme-là ! »

Le père, qui a mis ses enfants aux Enfants-trouvés, se proclamant l’égal de saint Vincent de Paul !

Ce n’est pas tout : sous prétexte que sa devise : Vitam impendere vero, l’oblige à dire toutes ses fautes, il dit celles des autres. Il flétrit la mémoire de sa bienfaitrice.

Ce n’est pas tout encore. Sous la plume de Rousseau, le Connais-toi toi-même de Socrate est devenu l’adoration de soi-même. Il ne nous épargne rien de ses avantages ni de ses infirmités. Tout ce qui est lui, lui semble digne de passer à la postérité. Sa complaisance à se raconter lui-même tourne parfois au grotesque. J’en trouve une preuve bien frappante dans les mémoires de la plus illustre de ses disciples... Madame Roland. Les disciples ont cela de terrible, c’est qu’en imitant les défauts de leurs